Portées par le vent, larmes de pollen

Du
au
Domaine de Chaumont sur Loire 41045 CHAUMONT-SUR-LOIRE

Et si le Domaine de Chaumont-sur-Loire se rapprochait, cette année, de l’esprit des Jardins de Bomarzo, avec quelques monstres et quelques folies, des personnages fantastiques, surgis de l’univers des contes ou de la mythologie, dans les bosquets touffus du Parc historique !

Karine Bonneval réhabilite la beauté des pollens dont la mission est de transmettre la vie. En changeant le regard, l’art a vraiment le pouvoir de transformer le monde. Installation imaginée en collaboration avec Nicolas Visez, aérobiologiste  au Laboratoire de Spectroscopie pour les Interactions, la Réactivité et l'Environnement (LASIRE1 ).

  • 1LASIRE - CNRS/ULille

Les graminées disséminent leur pollen grâce au vent, on dit alors de lui qu’il est anémophile. Hélas aujourd’hui, quand on évoque ces végétaux qui nous entourent, dans nos prairies, nos pelouses, on pense le plus souvent aux allergies dues à ce pollen émis en grande quantité et soumis aux hasards des airs. Les chercheurs démontrent que ces allergies sont augmentées quand l’air est pollué par notre activité.
Comment alors retrouver la beauté de ces organismes microscopiques conçus pour transmettre la vie ? Dans ce paysage qui se joue des échelles, les pollens anémophiles cohabitent avec nos larmes, éclosent sur des herbes géantes, ruissellent encapsulés. Une manière de découvrir leur préciosité, leur complexité.
De grands pans de mousseline imprimée redessinent le volume de l’Asinerie en un espace théatral, dont les personnages principaux sont des graminées et leurs pollens. Les images presque abstraites sur le voilage sont en réalité issues d’une expérience de rencontres en boite de Pétri entre du pollen anémophile et nos larmes. Leur évolution a donné lieu à des images réalisées au microscope confocal et imprimées sur les tissus.

Une série de sculptures, comme autant d’herbes géantes, éclosent en des portraits de pollen. Ces tiges aux allures végétales redessinent une prairie imaginaire dans l’espace.
Fléole, dactile, ivraie, flouve, pâturin....des pollens de graminées sauvages dont on peut alors admirer le portrait... sans risque d’éternuer.
Il s’agit d’un procédé scientifique, appelé chromatographie, dont le dispositif demande du temps et la lumière du soleil. Le filtre rond absorbe pendant deux jours une solution à base de pollen. Il a été au préalable préparé avec du nitrate d’argent, comme le papier de photographie argentique. Des cernes colorés aux contours uniques apparaissent sur le filtre, et sont ensuite exposés pendant une semaine à la lumière du soleil.
En arrivant par l’escalier est suspendue au-dessus de nos têtes une rosace de graminées sèches supportant des «larmes». Ces larmes dorées sont faites de savon et flottent dans un nuage à contempler. Chacune renferme du pollen anémophile et imagine un futur où l’on refait famille avec le pollen allergène.

affiche