Portrait de Science | 3 Questions à Káthia Marçal de Oliveira
Quel est votre parcours ?
Après une licence en informatique obtenue à l’Université Fédérale de Bahia, et alors que je pensais débuter une carrière en entreprise, mon université m’a donné la chance de me former à la fonction de professeure. J’ai dès lors débuté un master en génie logiciel, plus particulièrement dans le domaine de la qualité logicielle. Pendant mes études, j’ai participé au développement d’un système intelligent pour le diagnostic de l’infarctus au sein de la Fondation Bahianaise de Cardiologie. Ce projet a changé ma vie : j’ai pu faire de la recherche en qualité logicielle, « sur le terrain », pour aider les autres. Suite à ce master puis à un doctorat, j’ai exercé en tant qu’enseignante-chercheuse à Brasilia, où j’ai notamment participé à l’élaboration de la norme de qualité brésilienne pour le gouvernement. Je suis arrivée en France en 2008 et j’ai débuté un post-doc à Rennes. Cette expérience fut très formatrice car cela m’a permis d’envisager l’intégration des questions de génie logiciel et de qualité logicielle dans le domaine de l’Interaction Humain-Machine (IHM). Enfin, je suis arrivée en 2009 à l’Université Polytechnique Hautsde- France (UPHF) de Valenciennes au sein du Laboratoire d’Automatique, de Mécanique et d’Information industrielles et Humaines (LAMIH), où j’exerce maintenant en tant que professeure des universités.
Quel est votre principal sujet de recherche ?
Je suis spécialiste de la qualité logicielle : l’idée est que tout logiciel développé pour être utile et adopté doit être de bonne qualité et répondre aux attentes prédéfinies. Il doit évidemment fonctionner correctement, mais iI existe bien d’autres caractéristiques insoupçonnées pour l’utilisateur : la facilité d’utilisation, la performance, la fiabilité ou encore la facilité de maintenance pour permettre l’évolution du logiciel en fonction des besoins. La qualité logicielle dépend du point de vue, il faut donc confronter différents avis afin de délivrer un produit qui répondra le mieux possible aux attentes. Depuis mon arrivée en France, mon travail consiste notamment à associer la qualité logicielle, selon la perspective de génie logiciel, au domaine de l’Interaction Humain-Machine. Pour exemple, j’ai récemment coordonné le projet ParkinsonCom, dont l’objectif était de développer un outil logiciel d’aide à la communication pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Cette application, la plus simple d’utilisation possible, a été travaillée avec et pour les parkinsoniens, en lien avec nos partenaires (université, entreprise et associations). Elle est depuis décembre 2022 en ligne et téléchargeable par tous ! Je suis extrêmement fière du travail qui a été accompli, et des premiers retours. Ce projet illustre deux de mes plus grandes convictions professionnelles : la recherche doit se faire ensemble, et au service de la société.
Vous faites partie des correspondants Égalité Femme-Homme du CNRS (COREGAL). Quelles actions menez-vous au sein de votre unité ?
En 2020, mon directeur d’unité m’a proposé de rejoindre le réseau de correspondantes et correspondants égalité dans les laboratoires du CNRS. Grâce à ce comité, j’ai plus que jamais été sensibilisée à la différence des traitements femme-homme dans le milieu de la recherche et de la faible proportion de femmes dans les laboratoires. Je me suis dès lors beaucoup questionnée, et à la recherche de réponses, j’ai lancé des initiatives au sein du LAMIH avec mon collègue COREGAL, Damien Meresse. Les objectifs : mettre en avant les femmes du laboratoire, quel que soit leur statut, et sensibiliser le personnel sur les questions de parité. Pour cela, nous organisons l’évènement « La Recherche Scientifique » et réalisons des capsules vidéo « Portrait de chercheuse » pour montrer aux jeunes étudiantes qu’une carrière scientifique leur est possible. Actuellement, je travaille aussi sur l’élaboration d’une enquête sur la qualité de travail au LAMIH. Cela me tient à coeur de montrer qu’une femme a le droit de se lancer dans ce qui lui plaît, et qu’elle peut se donner les moyens d’atteindre ses objectifs.
Mini-biographie
1999 : Obtention d’un Doctorat à Université Fédérale de Rio de Janeiro
2001 : Nommée enseignante-chercheuse à Université Catholique de Brasília
2009 : Post-doctorat à l’Université de Rennes
2009 : Nommée Maitresse de conférences à l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis (devenue UPHF)
2019 : Nommée Professeure des universités à l’UPHF