Le couvert arboré modifie la démographie des plantes du sous-bois en contexte de réchauffement

Résultats scientifiques Ecologie évolutive, environnement et biodiversité

On le sait, plus la canopée forestière est dense et fermée en été et plus les extrêmes de températures sont atténués sous le couvert des arbres. Grace à une expérience de translocation végétale à l’échelle de l’Europe, une équipe de recherche internationale, dont fait partie Jonathan Lenoir du laboratoire Écologie et Dynamique des Systèmes Anthropisés (EDYSAN)1 a montré que l’évolution du degré d’ouverture de la canopée aura un effet décisif sur la subsistance ou le déclin des populations de 12 espèces végétales communes de nos sous-bois, comme l’anémone des bois ou la grande ortie, en réponse au réchauffement climatique futur. Les résultats de cette étude viennent de paraître dans la revue Nature Climate Change. Les scientifiques notent que pour un même scénario de réchauffement, une ouverture ou une fermeture de 50% du couvert arboré aura des conséquences très contrastées sur la survie de ces espèces et concluent qu’une gestion en couvert continu des forêts peut permettre la survie des populations d’espèces les plus emblématiques de nos forêts.

  • 1EDYSAN - UPJV/CNRS

En résumé

  • 8064 plants de 12 espèces communes des sous-bois ont été transplantés et suivies dans 5 forêts en Europe impliquant 25997 mesures de paramètres vitaux
  • Ces données ont alimenté des modèles pour prédire la distribution par espèce suivant différents scénarios de réchauffement et d’ouverture du couvert
  • Une réduction de 50% du couvert arboré induit une diminution de 75% du taux de croissance des populations d’anémones des bois d’ici à 2070 (RCP 8.5)

es résultats de leurs travaux, publiés dans la revue Nature Climate Change, montrent que pour l’anémone des bois, une espèce spécialiste des habitats forestiers, une réduction de 50% de la densité de couvert de la canopée induit une diminution de près de 75% du taux de croissance des populations d’anémones d’ici à 2070, suivant le scénario climatique le plus extrême (RCP 8.5). A l’inverse, une augmentation de 50% de la fermeture du couvert permet de compenser jusqu’à 92% des impacts négatifs de ce scénario climatique extrême sur les paramètres démographiques de l’anémone permettant ainsi de maintenir le taux de croissance des populations à l’équilibre malgré le réchauffement global. Pour la grande ortie, une espèce plus généraliste, c’est le contraire : une réduction de 50% du couvert induit une augmentation de près de 50% du taux de croissance des populations d’orties d’ici à 2070, suivant le scénario climatique le plus extrême (RCP 8.5).

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anémone
L’anémone des bois (Anemone nemorosa), un exemple d’espèce emblématique des sous-bois des forêts tempérées en Europe. Photo prise par Jonathan Lenoir© en avril 2020 à Contay (Picardie, France).

 

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Jonathan Lenoir
Écologue