La forêt au défi du changement climatique

CNRS le journal Ecologie évolutive, environnement et biodiversité

A l'occasion du One Forest Summit organisé les 1er et 2 mars à Libreville, au Gabon, l’écologue Jonathan Lenoir de l'Unité Écologie et Dynamique des Systèmes Anthropisés (EDYSAN)1 nous explique dans CNRS le Journal les enjeux qui entourent la préservation des écosystèmes forestiers, dans le contexte du réchauffement climatique global.

  • 1EDYSAN - UMR7058 (UPJV/CNRS)

La forêt est un maillon essentiel du climat mondial. Mais de quelle manière le changement climatique agit-il sur les écosystèmes forestiers ?
Ces dernières décennies, nous avons constaté que certaines forêts produisaient plus de biomasse aérienne sous l’effet du réchauffement climatique. Cela peut sembler une bonne nouvelle puisque cet accroissement de la biomasse est synonyme d’un stockage de CO2 plus important. Mais le réchauffement climatique se traduit aussi par l’augmentation des températures extrêmes et des sécheresses, à la fois en fréquence et en intensité. La combinaison de ces phénomènes est à l’origine des mégafeux que l’on a pu observer en Californie, en Australie et au Chili pas plus tard que cet hiver. Or, le relargage massif de CO2 à la suite de ces immenses incendies de forêts alimente à son tour l’emballement climatique.

feu de forêt
Un exemple d’écosystème forestier tempéré dans les monts d’Arrée (Finistère, Bretagne) frappé par les incendies en juillet 2022.

Certains écosystèmes forestiers sont-ils plus sensibles que d’autres aux effets du changement climatique ?
J. L. Nous savons d’ores et déjà que les forêts situées de part et d’autre de l’équateur seront davantage affectées car les espèces animales et végétales qui composent ces milieux sont très proches des limites de températures qu’elles peuvent supporter, ce qui implique une marge de sécurité plus étroite en contexte de réchauffement global.

À réchauffement égal, les massifs forestiers de la zone intertropicale vont donc connaître des changements plus rapides que ceux des zones tempérées et boréales où les espèces animales et végétales disposent d’une marge de sécurité plus importante. Le manque de diversité au sein de certains écosystèmes forestiers gérés par l’homme limite par ailleurs leurs capacités d’adaptation. À l’inverse, plus une forêt est hétérogène et diversifiée, plus elle sera en mesure de s’adapter aux perturbations climatiques à venir.

L’autre grande menace qui pèse sur les forêts est donc la perte de biodiversité. Quelles en sont les causes principales ?
J. L. Si le réchauffement climatique constitue désormais l’une des causes principales de cette érosion de la biodiversité, d’autres facteurs entrent en jeu. Dans la plupart des pays de la zone tropicale, la déforestation destinée à étendre les parcelles agricoles joue un rôle majeur. Ce changement d’usage des sols qui nécessite de raser de vastes étendues de forêts riches et diversifiées se traduit alors par une perte nette de biodiversité. L’introduction d’espèces exotiques a aussi un impact non négligeable en milieu forestier. En perturbant la forêt par le défrichage ou les coupes rases, l’humain offre une porte d’entrée à de nouvelles espèces qui peuvent potentiellement devenir envahissantes.

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Jonathan Lenoir
Écologue