La dette publique : Faut-il en avoir peur ?

Médiation Scientifique Sciences humaines & sociales

FRESQUES comme FOUILLER - REFLECHIR -EXPLIQUER - SIMPLEMENT - QUESTIONNER - UTILEMENT - ECONOMIE- SOCIETES. FRESQUES : Un outil de sensibilisation par les podcasts qui propose d’apporter un éclairage grâce à la recherche scientifique sur les problématiques économiques et sociales du monde dans lequel nous vivons. Mieux comprendre notre place dans la société, les mécanismes des inégalités, les défis sociaux et économiques et de susciter efficacement des prises de conscience et des questionnements ….. , apporter un éclairage par une transmission de connaissances issues des recherches des chercheurs et enseignant-chercheurs du Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE1  ) et par leur expertise scientifique en sciences économiques et sociales.

  • 1CLERSE - CNRS/ULille

Entretien avec Laurent Cordonnier, économiste au Clersé UMR8019 à l’Université de Lille, spécialiste de la macro-économie. Ses thèmes de recherche portent principalement sur la croissance, l’emploi et la répartition fonctionnelle des revenus (salaires, profits, rentes) dans le cadre de la financiarisation des économies capitalistes modernes et, plus récemment, sur la viabilité de l’économie capitaliste (en termes économique et social) face à la crise écologique, imposant un ralentissement, voire un arrêt de la croissance. Ses travaux scientifiques l’amènent à mener des réflexions connexes et des études de prospective par exemple sur les enjeux du travail et de l’emploi, sur les aides publiques aux entreprises ou encore sur la dette publique.

Outre ses articles académiques, Laurent cordonnier a publié en 2020 une nouvelle édition augmentée de son ouvrage « Pas de pitié pour les gueux : sur les théories économiques du chômage » (première édition en 2000, chez Raisons d’Agir) et un essai « L’Economie des Toambapiks une fable qui n’a rien d’une fiction » en 2010, chez le même éditeur.

Dans cet épisode n° 14 du podcast FRESQUES du Clersé, il fournit des éclairages sur la dette publique française et les dettes publiques en général, en visant à faire comprendre leur origine et en discutant de leur soutenabilité. En juin 2024, l’INSEE indiquait que la dette publique française s’élevait à plus de 3 000 Milliards d’euros à la fin du premier trimestre de cette même année. Un montant qui pourrait paraître vertigineux et qui suscite de multiples interrogations en chaîne. Cette dette pourrait-elle encore augmenter et faut-il s’en inquiéter ? Y-a-t-il un seuil d’endettement à ne pas dépasser ? Un Etat peut-il faire faillite ? Transmet-on « le fardeau » de cette dette aux générations futures ? Une dette publique peut-elle s’effacer ? A quoi servent les dettes publiques, finalement, et pourrait-on vraiment s’en passer ? Autant de questions auxquelles Laurent Cordonnier tente de répondre de manière simple et instructive.

Après avoir donné une définition de la dette publique, il explique comment on en donne une mesure conventionnelle à travers le ratio Dettes/PIB et précise qui sont les acteurs qui détiennent la dette. Il nous fait comprendre pourquoi tous les pays sont endettés et continuent à s’endetter. Il explicite à cet endroit le rôle qu’ont joué les taux d’intérêts élevés dans les décennies 80 et 90 (l’effet boule de neige), le rôle des baisses d’impôt dans le creusement des déficits publics, l’impact des crises successives (la crise financière de 2008, la crise de la Covid-19). Il insiste sur le fait qu’une partie du besoin d’endettement des Etats est largement subie, du fait de la faible croissance des quarante dernières années et du fait du niveau très élevé de l’épargne des catégories aisées. Il présente ensuite les raisons pour lesquelles les dettes publiques, même si elles paraissent importantes, sont soutenables, et qu’il est possible de tenir en respect le mur de d’argent qui menace parfois cette soutenabilité d’une envolée des taux intérêts. Il précise le rôle des banques centrales dans cette perspective. Et enfin, il aborde la question de la transmission de ces dettes aux générations futures. Ledit fardeau n’est pas celui de « la pile de dettes » en tant que telle (car en face de ces dettes il y a des créanciers… dont les enfants hériteront de « la pile des titres » qui leur rapporteront des intérêts). Le fardeau qui se transmet en continu est donc celui des intérêts, payés par tous les contribuables aux ménages aisés capables d’épargner. Mais ce « fardeau » est également le prix des investissements publics qui préparent l’avenir des générations futures.

 

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