GRASP : des algorithmes aux missions en orbite

Innovation Atmosphère, Sciences de l'Univers

Avec son détecteur de pollution atmosphérique par les aérosols, la start-up GRASP a posé le premier maillon d’une future constellation de dix nanosatellites en orbite autour de la Terre. Issue de travaux menés au CNRS et à l’Université de Lille, GRASP poursuit ainsi son implantation dans l’écosystème spatial.

D’abord connue pour ses algorithmes à destination des satellites d’observation de la Terre, GRASP possède à présent sa propre mission spatiale. Cette start-up issue de la Délégation CNRS Hauts-de-France, qui collabore avec des agences spatiales telles que le CNES, l’ESA, l’EUMETSAT ou encore la NASA, a en effet déployé le premier maillon d’une constellation de dix satellites consacrés à la pollution atmosphérique par les aérosols. Cette mission, baptisée GAPMAP, repose sur des appareils appelés polarimètres multiangulaires.

 Polarimètre multiangulaire
Crédits : GRAP SAS - Polarimètre multiangulaire

« Il existe déjà des capteurs en orbite dédiés à l’étude de la pollution, mais chaque système GAPMAP pourra collecter jusqu’à cent fois plus de mesures que ces appareils. Les systèmes à angle unique parviennent à détecter la présence d’aérosols, mais pas à les identifier précisément. » (Oleg Dubovik, directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’optique atmosphérique (LOA)1 et cofondateur de GRASP)

GAPMAP scrute ainsi la concentration et la distribution des aérosols dans l’atmosphère, notamment de poussières désertiques, de fumées d’incendies et de pollution industrielle. Le premier polarimètre multiangulaire a été installé sur un cubesat, un format de nanosatellite très prisé pour son rapport qualité-prix. Un seul lancement de fusée permet de mettre en orbite plusieurs dizaines de cubesats à la fois, ce qui réduit le coût de déploiement par satellite et rend l’accès à l’espace moins onéreux. Les plateformes sont le plus souvent partagées entre plusieurs projets afin de mutualiser les coûts.

Ici, on retrouve également un instrument d’observation des débris spatiaux, développé par l’agence spatiale autrichienne (ALR). Le cubesat en lui-même a été conçu par l’entreprise Spire, spécialiste mondiale du secteur, et a été lancé le 15 avril par la mission Transporter 7 de SpaceX. Ce premier tir sert de démonstration en orbite, une étape qui, dans le domaine spatial, marque l’avancée vers un nouveau niveau de maturité technologique (TRL). L’objectif étant d’aboutir à une constellation de dix capteurs similaires en orbite fin 2028.

« Chaque appareil prend une mesure de chaque point sur toute la planète tous les deux jours, explique Oleg Dubovik. En avoir dix permettrait d’obtenir une image toutes les deux heures et donc un suivi bien plus dynamique de la pollution. Ces données seront utilisées par des chercheurs travaillant sur la pollution et le changement climatique, ainsi que dans le cadre du programme européen d’observation de la Terre Copernicus. Elles pourraient également intéresser des collectivités territoriales, toute industrie souhaitant évaluer sa pollution, ou encore les assurances qui souhaitent établir des modèles dynamiques sur le climat. »

Ces ambitions spatiales, rendues possibles par une levée de fonds à hauteur de deux millions d’euros, marquent la réussite de la jeune pousse. Lauréate du concours Start-up Connexion en 2017, GRASP compte parmi les trois entreprises spatiales des Hauts-de-France inscrites dans le catalogue de l’industrie spatiale du CNES. « Nous sommes aussi l’une des trente-cinq entreprises françaises à arborer le label PME du CNES, souligne Oleg Dubovik. C’est la preuve que nous sommes reconnus en tant que fournisseur fiable pour des opérations aussi critiques et délicates que des missions spatiales. »

  • 1LOA - CNRS/Université de Lille

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Oleg Dubovik
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